Fonte des glaces, intempéries à répétition, espèces menacées, face à l’urgence climatique, les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) s’attachent à donner de la voix. Parmi eux, François GEMENNE, chercheur belge, co-auteur de plusieurs rapports et spécialiste des questions géopolitiques telle que la migration.
Expert axé environnement et RSE, il œuvre en faveur de la protection de notre planète. Son devoir : vulgariser les enjeux climatiques pour que chacun puisse s’approprier le sujet et agir en conséquence.
À travers ses écrits et interventions en entreprise, il décode les éléments fondamentaux des travaux du GIEC. Il met ainsi en lumière leur implication concrète pour aider nos sociétés.
Zoom sur ces points clés qu’il s’efforce à mettre en avant pour nous faire comprendre les défis d’aujourd’hui et ceux de demain.
Le constat alarmant : un réchauffement global déjà en cours
S’il y a bien une information à retenir des différents rapports du GIEC, c’est que le changement climatique est actuel. Parler au futur, remettre à demain, dire que l’on a encore le temps sont tous autant les uns que les autres des euphémismes.
Il est important de comprendre que le danger est actuel, plus qu’une menace, c’est une réalité que à ne pas minimiser. Selon les rapports du GIEC, la température moyenne mondiale a déjà augmenté de plus de 1,1 °C depuis l’ère préindustrielle. Si pour beaucoup, cette hausse semble insignifiante, les conséquences sont pourtant palpables :
- Multiplication des événements extrêmes (canicules, inondations, sécheresses)
- Fonte accélérée des glaces et élévation du niveau des mers
- Perturbations des écosystèmes et de la biodiversité
Pour François GEMENNE, ces phénomènes ne sont plus de simples scénarios, les prédictions faites jusque-là prennent maintenant vie sous nos yeux.
Les inégalités face au climat : un enjeu humain et social
Autre point clé relevé par l’expert, il s’agit de la dissonance émanant du changement climatique. Les inégalités sont effectivement au cœur du sujet. Si les populations les plus pauvres sont celles qui émettent le moins de gaz à effet de serre, elles sont pourtant celles qui en subissent le plus durement les conséquences.Un type de migration voit aujourd’hui le jour : les réfugiés climatiques. Beaucoup moins médiatisés et mis en avant que les réfugiés politiques, ces derniers sont pourtant nombreux à abandonner leurs terres, leurs racines, un acte fait à contre cœur mais nécessaire pour assurer leur propre survie. À l’origine de ces départs, des causes telles que la montée des eaux, la désertification ou encore la pénurie de ressources. Ce qui pouvait autrefois s’apparenter à une dystopie prend finalement vie.
Pour François GEMENNE, les préoccupations liées au climat doivent concerner l’entièreté des citoyens de cette Terre. Si certains ne perçoivent pas aussi directement les dégâts du dérèglement climatique que d’autres, ils ne doivent pas pour autant se sentir immunisés ou détachés de la situation. Chacun d’entre nous est concerné à un plus ou moins fort degré. Face à ce fléau mondial, la solidarité devrait primer sur l’individualité, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. La tendance est plutôt inverse.
Il est important de comprendre qu’agir en faveur de l’environnement, c’est agir pour soi, certes, mais aussi pour les autres. S’impliquer dans la protection de notre planète sous-entend donc de lutter contre les inégalités et de repenser nos modèles économiques et sociaux, de façon à ce que personne ne soit laissé de côté.
Prendre conscience, c’est bien, agir, c’est mieux
À travers ses prises de paroles, François GEMENNE ne se contente pas de dresser un constat alarmant, il met également l’accent sur l’importance d’agir, et ce dès maintenant. Si la pédagogie face au changement climatique passe impérativement par l’aspect théorique avec une énonciation des faits et des données chiffrées, l’aspect pratique reste primordial. Comme dit le proverbe “mieux vaut des actes que des paroles”. Dans le cas du dérèglement environnemental, il en est de même. Se sentir concerné, touché par ce qui se passe est une chose, agir pour y remédier en est une autre.
Voici une liste de solutions mises en avant dans la dernière synthèse du 6e rapport d’évaluation du GIEC, le 20 mars 2023 :
- Réduire drastiquement les émissions de CO₂ d’ici 2030
Pour y parvenir, les systèmes de transport ont tout intérêt à être repensés, tant sur le plan des énergies utilisées que sur les moyens de production. Si les gouvernements doivent se positionner et mettre en place des politiques adéquates, les citoyens peuvent eux aussi agir à leur niveau en optant pour des solutions de mobilité plus éthiques (marche, vélo, trains, covoiturage…) - Investir dans les énergies renouvelables
Se détourner des énergies fossiles n’est pas un frein en soi, mais l’occasion d’innover, et indirectement de créer des emplois plus durables et sécurisés.
L’énergie solaire ou encore l’éolien sont des solutions d’avenir dans lesquelles investir. - Repenser nos modes de vie
François GEMENNE appuie sur la nécessité de faire évoluer les habitudes. Bien que profondément ancrés dans notre quotidien, certains gestes sont à bannir en faveur d’autres plus responsables. Dans le cas des entreprise certaines pratiques peuvent être mises en place telle que le fait de repenser la chaîne d’approvisionnement, intégrer le climat dans la stratégie d’investissement et plus directement, former les collaborateurs aux enjeux climatiques.
Vous l’aurez compris pour l’expert de l’écologie, la mobilisation collective est indispensable. États, entreprises, collectivités, citoyens, chacun a son rôle à jouer.
Notez que ce changement doit aussi se faire auprès des plus petits, les adultes de demain. À la clé, un seul mantra pour faire évoluer notre société consumériste : “consommer moins mais mieux”.
Si le déni n’est pas la solution, le fatalisme ne l’est pas non plus
François GEMENNE affirme que cette bataille climatique n’est pas seulement scientifique ou politique, elle est aussi culturelle et psychologique.
Le discours sur le climat a longtemps reposé sur la peur, la culpabilité, la catastrophe voire la fin du monde. Or, selon lui, cette approche presque apocalyptique n’est pas la meilleure pour encourager les individus à changer. Si l’on souhaite faire bouger les choses, il faut insuffler une once d’espoir, autrement rien ne sert de se mobiliser lorsque l’on sait que c’est déjà peine perdue.
Toute la subtilité réside donc dans l’angle d’approche choisi, il est nécessaire de transformer les discours jusque-là axés sur le désespoir en des propos emplis de responsabilité et de possibilités. Pour le chercheur, c’est dans la mobilisation de l’imaginaire collectif que se trouve la véritable clé du succès, alors autant y implanter un peu de positivité.
Dans la continuité de son travail de sensibilisation auprès du grand public, François GEMENNE intervient en entreprise afin d’éduquer les collaborateurs. À travers ses conférences, il rappelle donc que les rapports du GIEC ne sont pas de simples documents scientifiques mais bien des guides à prendre en compte dès à présent mais aussi comme anticipation pour l’avenir. L’expert invite chacun à prendre conscience de l’ampleur du défi, mais aussi de notre pouvoir d’action. En entreprise auprès du public, le chercheur met ainsi en lumière des sujets tels que l’innovation, la résilience ou encore le fait de rebondir.